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Première venue sans la salle des Abbesses pour Pauline Bureau qui avait envie d’écrire une comédie, de raconter une histoire qui soit joyeuse et qui pouvait dire quelque chose du Monde aujourd’hui. Avec Féminines, elle retrace le parcours de la première équipe de France de football féminin.

Féminines, c’est un spectacle sur la première équipe féminine de football. Et c’est une comédie.

PAULINE BUREAU : J’avais envie d’écrire une comédie, de raconter une histoire qui soit joyeuse et qui pouvait dire quelque chose du monde d’aujourd’hui. Je voulais raconter des parcours croisés de femmes qui sont très différentes les unes des autres (il y a une lycéenne, une femme au foyer, des ouvrières…) et qui vont se rencontrer pour faire, ensemble, quelque chose qu’elles n’auraient jamais imaginé faire : jouer au foot. Ce n’était pas quelque chose qu’elles avaient prévu mais elles vont y prendre beaucoup de plaisir. Elles vont se retrouver à un endroit où on ne les attend pas – ni la société ni leurs familles n’avaient prévu ça pour elles, et où elles-mêmes ne s’attendent pas. Moi, par exemple, c’est ce qui a pu m’arriver avec l’écriture. Je ne pensais pas, je n’aurais jamais imaginé écrire. Pourtant, le jour où je l’ai fait, j’ai trouvé là, non seulement une nécessité, mais en même temps, une évidence et une place dans le monde, qui me correspondait vraiment et à laquelle je n’avais pas pensé. Je pense que Féminines raconte cela, comment on peut prendre sa place, à un endroit qui semblait impensable et imprenable.

À l’intérieur de cette histoire d’une équipe de foot, il y a bien d’autres choses qui se jouent.

P. B. : Déjà, il y a la loi, puisque le foot est interdit depuis 1941 et que les femmes n’ont pas le droit de le pratiquer. Cette question des sports d’équipe masculins a souvent été analysée comme une façon de reviriliser les pays après les guerres. Mais ça interroge aussi sur les bandes de filles, et leur absence, sur l’angle mort de cet imaginaire-là. C’est aussi la question du corps, mais pas comme corps regardé ou comme chose esthétique. C’est le corps actif, le corps puissant, qui m’intéressait dans cette histoire: donner à voir la transpiration, la course, le dépassement de soi, l’agressivité, le combat sur le terrain, autant de choses qu’on ne voit pas tant que cela associées aux femmes, et que j’avais envie de voir et de représenter. Et puis, je travaille aussi avec des actrices qui ont des corps extrêmement différents, des tailles différentes, des poids différents et je trouvais cela beau de trouver cette galerie-là des possibles. Et puis, à l’intérieur de cette histoire-là, il y a la question des rapports femmes-hommes, il y a la place que les femmes prennent et puis il y a la place qu’on leur donne. Cette histoire a cette dimension moderne de se tisser avec des hommes, dans des rapports de solidarité, de camaraderie, de dépassement de soi. Quand les lignes bougent, elles bougent pour tout le monde, si la définition du féminin change, celle du masculin aussi et tout le monde a à y gagner, dans une identité plus complète. L’entraîneur et les hommes autour de lui ont accompagné cette aventure au féminin, ils ont écrit cette histoire ensemble, avec les joueuses, et c’était très important pour moi de représenter ces personnages masculins qui sont dans une compréhension, dans une empathie, dans un rapport amical avec ces femmes parce que c’est quelque chose qui est très important dans ma vie. Enfin, il y a le collectif : je voulais représenter une équipe, avec ses victoires, ses défaites, ses moments de doute, ses engueulades, ses moments d’immense solidarité, raconter ce qu’est un groupe, avec ses orages et ses moments de joie. On les suit toutes, avec des fils qui s’emmêlent et ce n’est pas l’histoire d’un personnage, c’est l’histoire de dix personnes qui vont se rencontrer, autour de cette aventure, autour de ce que ça va bouger chez chacune d’elle. Finalement, la question du collectif est présente tout le temps, dans toutes les vies, que ce soit la famille, le travail, et encore plus quand on fait du foot ou du théâtre, parce que, dans les deux cas, c’est un sport d’équipe. La question du collectif est d’ailleurs centrale dans ma vie. Cela fait 15 ans que je travaille en compagnie, avec les mêmes acteurs. Interroger ce que c’est que le groupe et représenter un groupe sur le plateau, avec le groupe avec qui j’avance depuis le Conservatoire, pour moi, c’était important et émouvant.

Théâtre

27 nov.07 déc. 2019

Féminines

Pauline Bureau La part des anges