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La pointe de la galerie d'observation du solstice d'été © Odawara Art Foundation

On connaît bien Hiroshi Sugimoto pour ses photos, ses installations et sculptures sur le passage du temps, la permanence cachée des choses. On le connaît moins pour ses mises en scène ou mises en espace de formes traditionnelles du théâtre japonais, comme Sambasô, danse divine. L’artiste est aussi l’architecte d’une complexe multidisciplinaire de grande ambition.

A une heure de Tokyo, en bordure du Pacifique et au pied des monts Hakone, la région d’Odawara est un des paysages rêvés du Japon. Ouvert sur la baie de Sagami, ce site au climat propice à la culture des mandariniers est un souvenir d’enfance de l’artiste Hiroshi Sugimoto et son «  lieu de sa naissance spirituelle ». C’est là qu’il a choisi d’établir L’Observatoire Enoura manifeste esthétique de la Fondation Odawara qu’il a créée en 2009 afin de transmettre un sens japonais de l’esthétique à travers des représentations de théâtre, classique comme d’avant-garde, et l’exposition d’œuvres d’art transcendant elles aussi les âges. Conçu en étroite relation avec son cadre naturel, cet espace inauguré en octobre 2017, accessible sur réservation pour en préserver la sérénité, se compose entre autres, au sein d’un vaste jardin-promenade, d’une longue galerie vitrée face à l’océan, de deux scènes en plein air et d’un pavillon de thé. Qu’il emploie des matériaux ancestraux délaissés ou réinterprète dans son Uchôten (« Pavillon pour écouter la pluie ») l’ermitage du maître de thé Sen no Rikyû, Sugimoto revisite le dépouillement de l’esthétique japonaise selon une perspective à la fois radicale et ancrée dans les strates d’une culture millénaire, par un même geste qui oriente son approche du théâtre classique japonais.

Tunnel d’observation du solstice d’hiver

Tunnel d’observation du solstice d’hiver © Odawara Art Foundation

Mais cet artiste passé de la planéité de la photographie à l’espace de l’architecture et au temps de la scène inscrit avant tout cet « observatoire » dans une dimension qui relie une célébration de la lumière aux origines mythiques du théâtre japonais : la déesse du soleil, intriguée par les clameurs suscitées par la danse d’une divinité, pousse la pierre fermant la grotte où elle s’est retirée, rendant alors le monde à la lumière. Au sens le plus géométrique, les lignes directrices des espaces de l’Observatoire Enoura sont liées aux cycles de vie, de mort et de renaissance des solstices et des équinoxes. Les rayons montant de la baie de Sagami le matin du solstice d’hiver traversent un tunnel long de 70 mètres, faisant aussi miroiter une scène de verre, en contrebas d’un amphithéâtre, qui paraît alors flotter sur l’eau, tandis que la passerelle menant à la scène de pierre est alignée sur les rayons du soleil levant aux équinoxes de printemps et d’automne. De cette halte sur l’ancienne route du Tokaidô, Sugimoto se donne ainsi pour ambition de faire le lieu d’une alliance renouvelée de l’art et de la contemplation des saisons.

Véronique Brindeau

Théâtre

1925 sept. 2018

Sambasô, danse divine

Mansaku Nomura, Mansai Nomura, Yûki Nomura, Hiroshi Sugimoto