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QUATRE SIÈCLES D’AVANT-GARDES.


Comment avez-vous découvert le clavecin et Elisabeth Chojnacka ?

C’était au cours des répétitions pour Any attempt will end in crushed bodies and shattered bones. J’étais en train de chercher des musiques contestataires atypiques. Je faisais des recherches sur le communisme et la Pologne des années 1980. C’est comme ça que je suis tombé sur le Concerto pour clavecin et cordes de Henryk Gorecky qui ne ressemble en rien aux autres com¬positions de Gorecky que je connaissais.


Il s’agit du même Concerto sur lequel Lucinda Childs a créé sa célèbre chorégraphie de 1993 ?

En effet. Elisabeth Chojnacka a interprété la pièce pour Lucinda Childs! Gorecky l’a écrite dans les années 1980, marquées par le mouvement Solidarnosc. On y sent les influences de la musique répétitive américaine. J’ai trouvé la vidéo de la création du Concerto, interprété par Elisabeth Chojnacka. Elle m’a vraiment bouleversé. Je me suis rendu compte que beaucoup de composi¬teurs, dont Xenakis et Aperghis, ont écrit pour le clavecin grâce à elle.
Elle a réussi à élargir le public grâce à cet instrument, qui était réputé difficile.


Vous nous présentez une sélection de musiques assez représentative de l’univers de Elisabeth Chojnacka ?

J’ai essayé de trouver tous ses albums, à commencer par son premier album, Clavecin 2000, qui date de 1970. Je suis allé vers la musique répétitive des années 1980 et ailleurs, pour montrer la diversité de l’instrument et de cette magnifique interprète. Sur les sept musiques du spectacle, qui vont du XVIIe au XXIe siècle, certaines datent du début du XXe siècle, qui est le moment où le clavecin est sorti de l’oubli.

Vous venez interpréter ce solo au Théâtre de la Ville, alors que vous êtes en pleine préparation de votre création avec le Ballet Royal de Flandres pour la Cour d’Honneur à Avignon !
J’avoue que je n’avais pas prévu de faire ce solo. Mais la pandémie a bouleversé tous les calendriers. Any Attempt… était un grand projet pour une petite compagnie comme la mienne et je sentais que tout le travail investi était peut-être condamné à disparaître. Je voulais alors trouver de l’énergie positive et j’avais envie de faire connaître Elisabeth Chojnacka et cette musique. En plus, la première de Futur Proche devait avoir lieu en septembre, à Anvers. Ensuite, le Festival d’Avignon m’a demandé si je pouvais l’avancer. Avec le Ballet Royal, nous avons trouvé les solutions pour maintenir Elisabeth… à Paris.


Comment avez-vous aménagé une place pour la danse, dans ce solo qui ne part pas de la danse ?

Je me suis inspiré du désir de Elisabeth Chojnacka de partager la musique avec le public. Je voulais que la danse puisse aider à traduire ce souhait, d’autant plus que beaucoup de spectateurs rencontrent son univers pour la première fois. Donc je danse parfois pour rendre visible la complexité de la partition, et parfois sans suivre la composition, pour ouvrir les esprits à la musique. J’aime beaucoup son idée de travailler sur L’Avant-garde du passé, titre d’un album important d’Elisabeth Chojnacka. Je m’en inspire pour confronter le baroque à des univers contemporains.


Propos recueillis par Thomas Hahn

Danse

0413 juil. 2022

Elisabeth Gets Her Way

Jan Martens CRÉATION GRIP