Trois personnages sont piégés dans un lieu fermé, propice à tous les fantasmes d’ordre et de dictature. Ce trio aux relations tendues, saisi dans un noeud de conflits entre soumission, abus de pouvoir et liberté, se trouve cerné par le réseau de codes et de règlements en cours dans un musée ultra-moderne. Il fait violemment tâche sur fond d’art aseptisé et contrôlé. Avec Eins Zwei Drei, sa nouvelle pièce pour un pianiste virtuose et trois interprètes-acrobates – et non des moindres –, le chorégraphe et metteur en scène Martin Zimmermann pose la question de la survie du groupe et de l’individu dans un contexte qui les écrase en les révélant. Avec en tête de cette farandole désespérément humaine, la figure du clown « pour faire résonner dans un esprit comique le potentiel monstrueux des situations ». Entre poésie et violence, un plongeon en eaux troubles.

Jeanne Liger