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SE LIVRER, SANS FILTRE

Après Moving with Pina où vous parliez de votre expérience au Tanztheater Wuppertal et Jessica and me, autoportrait où vous manifestiez votre autonomie, vous avez créé plusieurs pièces en Italie en tant que chorégraphe, sans être sur scène. Pourquoi aujourd’hui ce retour sur le plateau, avec un troisième solo ?

C’était une envie, presque un besoin. J’ai aussi pris en compte mon horloge biologique et me suis dit : c’est maintenant ou jamais ! Mais alors, de quoi parler cette fois ? Je voulais partir de quelque chose de très personnel. Mais je traversais alors une période très sombre où j’es¬suyais un coup du sort après l’autre. J’ai hésité et j’ai finalement décidé de raconter exactement ce que je vivais, c’était ce dont tous les humains font l’expérience un jour, et comment on en sort pour retrouver la lumière. Malgré cela, je me disais tout le temps : « Ça va être une pièce lourde et déprimante ! » Et étonnamment, à l’arrivée, le public rit beaucoup et le ré¬sultat est une pièce plutôt légère au rythme soutenu.

Pour la mise en scène, vous avez fait appel à Gloria Paris. Que représente-t-elle pour vous ?

Gloria est une personne très importante pour moi. Nous avions déjà collaboré pour Jessica and me. Elle vient du théâtre avec un regard très précis qui me fait l’effet d’un miroir, car je me rends compte déjà en regardant dans ses yeux si une chose marche ou pas. En plus, avec tout ce que je dévoile dans cette pièce au sujet de ma vie personnelle, il était essentiel de continuer avec la même équipe. Je pouvais me révéler comme ça uniquement devant des personnes avec lesquelles j’étais déjà en confiance.

Dans Behind the Light, Pina Bausch n’est plus au centre, mais vous abordez la façon dont elle reste présente dans votre art. Qu’a-t-elle déposé en vous ?

Quand on commence à créer ses propres pièces et à enseigner, on se rend compte de tout ce que Pina a apporté, comme son attention pour le moindre détail et à la relation avec le public. Quand je dansais ses pièces, j’avais l’impression que le public nous suivait avec affection puis que nous amenions de la vérité et de la sincérité au lieu de jouer des rôles. Il m’importe de cultiver cette relation à mon tour et j’espère que le public sent que je me livre dans ma fragilité, sans filtre.

Votre authenticité vous a cependant permis de développer une esthétique personnelle au lieu de reproduire celle de Pina Bausch. Quel a été votre cheminement ?

Quand j’ai commencé à créer mes solos, l’ombre de Pina planait au-dessus de moi telle une menace. Je me demandais si j’allais pouvoir découvrir un langage personnel en moi, avec une esthétique propre, mon humour et une façon authentique de construire une pièce. Aujour d’hui, je ne me pose plus toutes ces questions: Pina est agréablement présente dans mon univers créatif autant que d’autres artistes que j’ai rencontrés sur mon chemin. J’essaie donc de rester connectée à mes intuitions et de trouver à chaque fois le courage d’aller vers ce que je ne connais pas.

Propos recueillis par Thomas Hahn

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