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Ultra connectée, la nouvelle garde théâtrale roumaine inscrit son pays dans le paysage européen et les dramaturgies du réel. Gianiona Cărbunariu a rencontré les lanceurs d’alerte, ces « nouveaux justes de tous pays. Bogdan Georgescu amène suspense et réflexions autour de Facebook, ils en tirent un théâtre véritablement citoyen.

Publier le répertoire, tourner le dos aux classiques pour s’expliquer avec le monde qui vous entoure. C’est en rupture avec la tradition que s’est construite la jeune scène roumaine. Il ne s’agissait pas tant de faire table rase du passé – que ce soit l’histoire du théâtre ou du pays – pour repartir de zéro, que de regarder autour de soi afin de comprendre ce qui est en train d’avoir lieu, comment on en est arrivé là. À l’aube des années 2000, dix ans après la mort des époux Nicolae et Elena Ceausescu, de jeunes artistes défendent une nouvelle façon de faire du théâtre, directement emprise sur la réalité contemporaine. Ils s’appellent Radu Apostol, Alexandru Berceanu, Gianina Cărbunariu, Andreea Vălean et ils fondent ensemble le dramAcum, que l’on peut traduire comme « le théâtre maintenant », mouvement placé sous le signe de l’instant et d’une certaine urgence. Assez vite ils sont rejoints par d’autres metteurs en scène comme David Schwartz, Bogdan Georgescu, Vera Ion ou Miruna Dinu qui partagent leur préoccupation d’un théâtre dont l’objet est de questionner le monde avec en point de mire l’ambition de refonder une conscience de ce que cela veut dire de vivre dans une collectivité en mettant l’accent sur les notions de bien commun ou de vivre ensemble. D’abord metteurs en scène, tous se sont plus ou moins spontanément tournés vers l’écriture dramatique même s’ils ne se considèrent pas nécessairement comme des auteurs au sens habituel du terme, comme l’explique Bogdan Georgescu : « Je ne me considère pas comme un écrivain, même s’il m’est arrivé d’écrire de la poésie avant de me lancer dans le théâtre. À dix-neuf ans, j’ai créé ma première pièce, DW, construite autour d’un jeu vidéo de combat et dont le sujet, une famille en Roumanie, était largement autobiographique. Je pense qu’écrire des scénarios pour des spectacles est assez éloigné d’un travail d’auteur. » Pour définir sa méthode de travail, Bogdan Georgescu parle d’Art actif. « Le but de l’Art actif est de transformer la vie de tous les jours en une œuvre d’art collective. L’idée, c’est de mettre en lumière des réalités qui en général sont ignorées, minimisées ou marginalisées pour créer une prise de conscience et construire une communauté autour du projet ».

Cette dimension politique est tout aussi essentielle dans le théâtre de Gianina Cărbunariu, même si elle est l’objet chez elle d’une interrogation permanente. « Savoir si le théâtre est un médium approprié pour parler des problèmes sociaux est une question qui m’obsède. Je répondrais : oui, mais seulement si c’est une préoccupation authentique. Dans ce cas, il est possible d’aller très loin dans la réflexion sur les situations humaines abordées. Mais s’il s’agit seulement de se faire valoir sur le plan artistique alors cela peut-être désastreux aussi bien pour le public que pour les artistes. Quand un sujet m’intéresse au point de vouloir en faire un spectacle, en général c’est parce que c’est quelque chose que je ne comprends pas ; alors j’ai besoin d’en savoir plus et de l’explorer sous des angles différents. La plupart du temps, mes recherches une fois terminées, je me pose encore plus de questions. Sachant que souvent ce besoin d’approfondir une situation est bien plus important pour moi sur un plan personnel qu’en tant que metteuse en scène. »

Hugues Le Tanneur

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1517 déc. 2018

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