Lancement du Festival des Places avec Angelin Preljocaj : “le plus important pour moi est de créer le désir”

Angelin Preljocaj, qui était en grande salle ce mois d’avril avec Helikopter et sa nouvelle création Licht, vient le week-end du 3-4 mai sur la Place du Châtelet proposer un atelier, une rencontre et un extrait de ses spectacles. Une interview avec l’un des plus grands chorégraphes contemporains.
Quel professeur vous a le plus marqué ?
Karin Waehner, chorégraphe d’Allemagne de l’Est qui a fui le nazisme, et s’est installée en 1960 à La Schola Cantorum rue St-Jacques, à Paris, pour y enseigner la danse expressionniste allemande.
Comment se passe le premier jour d’une nouvelle création : vous entrez dans le studio, et ... ?
Oui, je rentre dans le studio, je réunis les danseurs et je leur parle pendant deux heures du projet. Et puis ensuite pendant quatre mois je ne parle presque plus. C’est mon corps qui s’exprime et qui, dans le processus de recherche, échange avec celui des danseurs.
En quoi la relation au public est-elle différente lors de vos interventions à l’extérieur ?
À l’extérieur, le public est beaucoup plus proche. Il peut nous sentir vibrer, il sent la chaleur des corps, il voit la sueur, les regards, les muscles, les tendons. Le rapport est biologique, presque autant que visuel.
Quel est le plus important pour vous lorsque vous dansez ou partagez votre pratique avec des personnes qui ne vont généralement pas dans les théâtres ?
Le plus important pour moi est de créer le désir. Le désir de revoir des corps s’exprimer par le mouvement, le désir de comprendre que la danse est un langage et qu’il peut transmettre des choses que parfois les mots ne peuvent atteindre. Quand cela se produit, j’ai l’impression qu’on enlève un peu aux malheurs du monde.