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Un dialogue entre patients, soignants et artistes, amorcé depuis juin 2020. Une action solidaire menée par une troupe d’artistes engagée dans la lutte contre l’isolement des patients et le soutien des soignants éprouvés par la crise sanitaire.

Un an d’engagement pendant la crise sanitaire : plus de 1539 patients et 485 soignants touchés.

Le Théâtre de la Ville mobilise depuis juin 2020 la Troupe de l’imaginaire pour des actions artistiques solidaires en milieu hospitalier grâce à un partenariat développé avec l'Assistance publique – Hôpitaux de Paris (AP-HP), l’association des Ailes Déployées, la fondation de l’Elan Retrouvé et le groupe SOS..

Tout commence en juin 2020 : des Consultations poétiques par téléphone sont proposées en français et en 5 langues aux patients et aux soignants des services de neurochirurgie, neurologie, soins de suite et réadaptation. Les acteurs ont été spécialement formés, et 3 médecins de la Pitié-Salpêtrière se sont alors mobilisés aux côtés du Théâtre de la Ville : Carine Karachi Neurochirurgienne / David Grabli Neurologue / Sophie Dupont Chef de service soins de suite et réadaptation.

Ce partenariat a été finalisé dans le cadre d’une convention signée le 15 juillet 2020. Sur la base des résultats positifs obtenus, il a été convenu d’étendre les actions à 7 hôpitaux de l’AP-HP. .

Depuis le 21 décembre 2020 le Théâtre de la Ville a développé une expérience pilote de Consultations poétiques, musicales et dansées en présentiel à l’Hôpital Charles-Foix (AP-HP) à Ivry-sur-Seine en collaboration avec le Dr Amina Lahlou, cheffe du département de soins de longue durée et ses équipes. Plusieurs fois par semaine, les artistes de la Troupe de l'Imaginaire interviennent auprès des patient(e)s et des soignant(e)s de plusieurs services : neurologie, soins de suite et de réadaptation, soins de longue durée et psychiatrie. Les artistes proposent des Consultations « au chevet » dans les chambres, en groupe dans des lieux de vie, ou à distance en visioconférence, mais aussi des petites formes théâtrales et musicales. Les actions artistiques ont été établies en dialogue avec les soignants et adaptées aux pathologies de chaque patient.

De mars à décembre 2021, les Consultations en présentiel et en visioconférence se développent dans 7 autres établissements hospitaliers de l’AP-HP : l’Hôpital Rothschild de Paris, l'Hôpital San Salvadour de Hyères, l’Hôpital Dupuytren de Draveil, Hôpital Émile Roux de Limeil-Brévannes, l'Hôpital Georges-Clémenceau de Champcueil et l'Hôpital Lariboisière-Fernand Widal à Paris.
Depuis septembre 2021, un cabinet de consultation médicale à été mis à la disposition des artistes pour accueillir patients et soignants du service de neuro-oncologie de la Pitié-Salpêtrière, et leur offrir un moment privilégié d’écoute et de répit, une parenthèse poétique.

Les Consultations dans les hôpitaux en 2023 :

En 2023, les Consultations se poursuivent dans ces 9 hôpitaux partenaires, et d’autres établissements rejoindront le dispositif.

Contact Théâtre de la Ville : Pepita Pierrot


ENTRETIEN

Amina Lahlou, responsable du département de soins longue durée à l’Hôpital Charles Foix d’Ivry (AP-HP)

Les Consultations poétiques ont commencé pendant le confinement et se sont déroulées assez rapidement en visio plutôt que par téléphone. Cela nous a aidés à sortir nos patients, déjà fragiles, des traumas provoqués par l’isolement et le port des masques. L’isolement a été pour eux plus délétère que le Covid lui-même. Nous avons été le premier service à ouvrir la porte aux artistes, à les accueillir à bras ouverts. Les premières Consultations ont eu lieu en individuel puis dès que cela a été possible, il y a eu des petites formes artistiques au chevet des malades. Je gère deux services, un service de gériatrie où la moyenne d’âge est de 86 ans et un autre de pathologies neurologiques évolutives où elle est de 50 ans. L’expression verbale de ces personnes peut être limitée mais la richesse d’expression de leurs émotions est énorme. Cette expérience a été bénéfique pour nous tous, patients, soignants et artistes. Elle ouvre à une mise en relation rare et sensible et permet d’inventer de nouveaux liens entre soignants et soignés. Nous considérons les artistes comme faisant partie de notre équipe de soignants. Ils prodiguent d’autres types de soins. Nous avons construit des liens forts et pérennes avec les artistes. Ils sont ici chez eux. Et pour nos patients, l’accès à la santé et à la culture, sans discrimination, d’âge notamment, c’est essentiel. Ce sont eux qui en ont le plus besoin.

Propos recueilli par Marina Da Silva


RÉCITS & TÉMOIGNAGES

Consultations poétiques à L’hôpital Sainte-Périne, le 23 décembre 2022 : « Quand vous dansez, on dirait un oiseau ! », dit une patiente à Amandine, la danseuse qui lui a proposé une Consultation.

Noël Solidaire - Résidents Gériatrie hôpital Vaugirard - 27.12 .22.

L’âme et la poésie sont liées

La passeuse c’est Anna, l’infirmière coordinatrice qui veille sur les résidents. Elle a déjà listé ceux qui sont prêts pour les consultations poétiques de Roland X. et Julie X.. mais il y a d’abord deux refus, que l’on ne force pas, c’est la règle du jeu. Puis l’on rencontre Agathe. Elle a 88 ans. Elle a été journaliste pour des magazines féminins. Elle aime la peinture, le théâtre – elle a connu Arthur Adamov et Roger Blin - et la poésie. Surtout celle de René Char. « La poésie, elle est autour de nous. C’est un paysage.», déclare-t-elle à Roland qui se délecte de cette affinité élective. « Je pense beaucoup à l’âme. Il y a quelque chose après la mort. On reste présent dans le cœur des gens pour lesquels on a disparu. Pour moi, l’âme et la poésie sont liées ». Il lui dira et dédiera L’Eau de André Chedid (« Nous sommes les éphémères. Nous sommes les permanents ») puis Le Temps qu’il reste de Serge Reggiani avant d’offrir Les aromates chasseurs de René Char. « Vous venez de me faire un cadeau formidable. Merci ! » Julie a mené une séance collective où elle a proféré et chanté pour un petit groupe de résidents dans la salle commune et se prépare à une consultation avec Camille*. «Vous aimez la poésie ? » demande-t-elle avant de s’entendre répondre : « J’aime l’esprit dans lequel çà me met ». Après un sonnet de Louise Labbé et un poème d’Henri Michaux évoquant l’amour, Camille conclut : « L’amour c’est ce qui nous fait vivre. Si on ne sait pas aimer on est mort d’avance. C’est très bien ce que vous faites car dans notre état de maladie on se laisse aller et vous réveillez notre faculté de pensée ». C’est Christian Bobin qui aura le mot de la fin : « Recevoir simplement ce qui est partout donné ».

*Les prénoms ont été modifiés



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