Ici, comme dans leur pays, les femmes afghanes continuent à se battre. Elles se battent avec leurs armes, celles de la création, les armes théâtrales, les armes artistiques et on en parle pendant tout ce Focus Afghanistan proposé au Théâtre de la Ville-Espace Cardin. Elles se battent pour continuer et reprendre leurs études. Elles se battent pour exister en dehors de de leurs foyers, hors des traditions réinventées par les talibans en particulier, qui les enferment et qui les condamnent au silence. Lors de cette discussion, nous avons tenté de comprendre comment, contraintes au silence, justement, ces femmes reprennent la parole, agissent en reprenant cette notion, une notion des sciences sociales qu'on appelle l'« agency », qu'on traduit en français par « agentivité ». Ce n'est pas un très beau mot, mais ça veut bien dire ce que ça veut dire, c'est à dire la capacité de chacun, de chacune, de contourner le système de domination qui les oppressent en inventant individuellement et collectivement des solutions.

Cette rencontre a été proposée par l’artiste plasticienne et performeuse Kubra Khademi, en compagnie de Lili, grande figure féministe afghane vivant à Kaboul ; Caroline Gillet, journaliste et autrice, dont le film Inside Kaboul a été projeté en première partie de soirée ; et Khojesta Ebrahimi, directrice adjointe de RFI en langue persane à Paris. Elles ont été accompagnées dans leurs échanges par Emmanuel Laurentin, producteur et animateur de l’émission Le temps du débat sur France Culture, en coanimation avec Manoushak Fashahi, réalisatrice et productrice à France Culture, ainsi que par la traductrice Hilda Derani Schmitt.