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LA SCIENCE, LES FANTÔMES ET LA COMÉDIE

Votre comédie, musicale, théâtrale et dansée, met en relation l’extinction des dinosaures et le sentiment amoureux. Un rapprochement pour le moins inattendu. D’où est venue cette idée ?
La comédie musicale est ici avant tout une oeuvre imaginaire. J’ai analysé avec Luca Scapellato, un compositeur de musique électronique qui m’accompagne depuis longtemps, les mécanismes de l’irruption du chant dans la comédie musicale. Pourquoi les personnages se mettent-ils soudainement à chanter et à danser ? Quant aux origines de l’idée, tout est parti d’une vieille fantaisie de ma part. Je disais souvent à mes amis, assez naïvement, que je rêvais de réaliser une comédie musicale, à la fois crédible et très contemporaine, avec mes artistes italiens préférés, comme par exemple Silvia Gribaudi*.

Entre-temps, pour mieux nous faire rire, vous vous mettez dans la peau d’un paléontologue. Et vous voulez savoir pourquoi ?
J’avais à ce moment besoin de réconfort et j’aime en trouver auprès de la science plutôt que dans la littérature ou au cinéma. La science est pleine d’histoires métaphoriques qui nourrissent nos imaginaires. Je raconte l'histoire du géologue américain Walter Alvarez et de la paléontologue italienne Isabella Premoli Silva. Ils ont découvert, à la fin des années 1970, dans la petite ville de Gubbio dans le centre de l’Italie une strate chargée d’iridium. Et ils ont conclu que l’extinction de 75% des espèces, dont les dinosaures, qui a eu lieu il y a 66 millions d’années, est due à une météorite qui s’est écrasée sur notre planète. Après cette destruction, la vie a pourtant trouvé des stratégies incroyablement créatives pour continuer à exister. Et avec cette théorie, initialement rejetée, la science s’est réinventée comme on se reconstruit après un effondrement amoureux.

Dans ce spectacle où la parole prend une grande place, la danse devient-elle une métaphore de cette résilience ? Est-elle également appelée à se réinventer ?
En effet, dans la partie finale la danse renaît dans un corps nouveau, un corps non humain ! Et pourtant cette danse est encore chargée de mon legs en tant qu’humain, entouré des fantômes dansants. Ce que j’aime dans la comédie musicale est qu’elle aide à guérir puisqu'elle est, pour moi, pleine d’empathie. Elle offre une manière à la fois ironique et profonde de transformer le corps. Je pars toujours du corps quand je travaille sur un nouveau projet artistique, mais ensuite le processus de création est imprévisible. Cette fois, je me retrouve avec un texte beaucoup plus important que prévu au départ, mais en même temps je chante, je bouge et j’improvise. J’assume le caractère complexe et potentiellement ridicule quand je tente de jouer seul une comédie musicale. Mais ces efforts ne ressemblent-ils pas à tout ce que les êtres humains déploient au quotidien pour survivre ?

Propos recueillis par Thomas Hahn

*Le Théâtre de la Ville accueillera Silvia Gribaudi en mai 2026

Dance

Nov 18Nov 20, 2025

MARCO D’AGOSTIN Astéroïde • Original