Espace Partagé

Espace Partagé

Categories
${ getMainCategory(selectedNews) }
Back
${ calendarTrans }
No events

Dans Not I, vous fusionnez Orient et Occident. Que représente pour vous le Japon et comment l’avez-vous rencontré ?

CAMILLE MUTEL : Le Japon a été pour moi un choc esthétique. Je l’ai rencontré par la danse butô. J’y ai croisé l'exact inverse de ma propre lenteur. Corps sauvage, convulsif, refus de la ligne, transgression, érotisme, violence. J’y palpais toute la force de vie d'une société en révolte. J’ai dansé aux côtés d'artistes alternatifs défendant un corps politique non communautaire. Chacun(e) d’entre elles et eux m’ont appris à traverser les zones d'ombres du corps. Ce dialogue entre deux cultures crée un écart poétique, un vide, dans lequel chacun de mes gestes peut s’exprimer par la danse.


Not I est une sorte de cérémonie. Qu’aimez-vous dans l’idée de rituel ?

C. M. : Je trouve qu’il y a dans le rituel une des choses les plus difficiles du vivant : refaire chaque jour les mêmes gestes, traversés de vie nouvelle. C'est du pur présent. Le rituel se situe du côté de la vie. Il est le versant sacré de la routine où l’on a perdu le chemin de sa saveur.


Qu’est-ce qui vous a amenée à la danse et qu’y aimez-vous en particulier ?

C. M. : J’ai vécu dans un contexte familial particulier, une sorte de bulle de silence dans laquelle tout son ou mouvement brusque était exclu. Je me suis naturellement passionnée dès mon plus jeune âge pour les adages : se mouvoir délicatement, avec précision, faire résonner le geste dans le silence et laisser transparaître derrière chaque pas l'équilibre ténu de notre présence au monde.


Qu’est-ce qui vous a amenée à la danse et qu’y aimez-vous en particulier ?

MATHILDE RANCE : Dans la danse j’aime particulièrement avoir un espace où le corps peut exprimer des intensités physiques, des prises d’espace et des énergies très variées d’une manière plus large et plus ouverte que dans la vie quotidienne. Quand j’étais très jeune, mes grands-parents m’ont inscrite dans une école de danse où personnes âgées, enfants et personnes handicapées dansaient ensemble. Ces moments de partage sont à la base de ce qui compte pour moi.


Vous vous désignez « monstre », « sorcière » etc. Pourquoi ces références aux imaginaires anciens et sauvages ?

M. R. : Je suis très nourrie de figures fantastiques, merveilleuses et mythologiques. Dans chaque image que je propose, il y a comme une contre-possibilité aux constructions de ce que nous appelons « humain ». Ces représentations peuvent parfois limiter notre façon d’être au monde. Mais nous avons la chance de vivre une époque où beaucoup de cases sont remises en question !


Vous êtes artiste chorégraphique, chanteuse et musicienne. Êtes-vous formée en chacun de ces arts ou êtes-vous autodidacte ?

M. R. : Après l’école de danse très inclusive de mon enfance, j’ai été au conservatoire et à l’école supérieure. En chant j’ai une pratique autodidacte. Dans ma famille, les femmes chantaient et j’ai été portée par la culture de la chanson à texte grâce à une tante chanteuse, compositrice et interprète. Cet ancrage populaire m’est cher et j’utilise maintenant la voix de manière spontanée et intuitive. En musique j’ai pris des cours de harpe pendant plus de quinze ans, puis des cours de percussion, avec un maître iranien.


Propos recueillis par Thomas Hahn

Dance

Apr 12Apr 16, 2022

Not I / Black Bird

Camille Mutel, Mathilde Rance TEMPS FORT JEUNES CRÉATEURS