Mário Cesariny (1923-2006) est l’une des figures les plus grinçantes du surréalisme international. Poète, peintre, traducteur, il rencontre André Breton et Victor Brauner en 1947 à Paris, participe la même année à la création de l’éphémère groupe surréaliste portugais avant d’en créer un second dissident du premier. Il traduit Artaud, Rimbaud et publie son premier recueil en 1950. Homosexuel et bohémien dans un Portugal salazariste, il sera régulièrement poursuivi par les autorités jusqu’à la fin de la dictature (1974). Il fera quelques voyages, notamment à Paris (où il est incarcéré quelques jours pour vagabondage) mais vécu presque toute sa vie à Lisbonne. En quête d’une liberté totale dans son mode de vie comme dans ses œuvres, son rejet de toute formalité et d’appartenances aux structures – académiques, bourgeoises et autres -  l’a toujours placé à la périphérie du monde culturel portugais. Il fut pourtant une figure tutélaire et devint rapidement (re)connu par ses contemporains et les générations suivantes. « Mário est à la fois un oiseau et un chat et à chaque jour qui passe, il ressemble de moins en moins à un être humain », disait Maria Helena Vieira da Silva, qui fut sa grande amie et protectrice.