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Juin 2010 - juin 2025. Quinze ans se sont écoulés depuis la première pierre de ce grand chantier. L’occasion de revenir à ses débuts et de se retourner sur l’ouvrage accompli. Rencontre croisée avec Emmanuel Demarcy-Mota et Claire Verlet.

Quel a été l’élément fondateur de Chantiers d’Europe ?
EMMANUEL DEMARCY-MOTA : Le premier fut un constat que nous avions formulé avec l’équipe artistique du CDN de Reims. Les pays d’Europe du Sud étaient très peu présents sur les scènes françaises. Ce manque de visibilité nous avait alors conduits à créer le Festival Scènes d’Europe à Reims, un moment fort qui permit de faire découvrir au public les œuvres d’artistes venus d’Europe centrale et de pays du Sud comme le théâtre grec et espagnol. Puis survint la crise économique de 2008.
La situation des artistes issus de ces régions s’est encore détériorée, rendant d’autant plus nécessaire un geste de solidarité, concret et immédiat. Mais au-delà de cette urgence, une conviction plus profonde s’est imposée : l’Europe restait un chantier ouvert, une construction inachevée. Nous avions, à notre échelle, le devoir d’y contribuer. Apporter une pierre à l’édifice : voilà ce que nous avons cherché à faire – avec des artistes qui, chacun à leur manière, racontaient le réel de cette Europe en crise, tout en le transfigurant par la poésie, l’humour, les images, les corps, les gestes, la mémoire partagée. Car c’est bien le pouvoir de transmission qui rend possible l’ouverture de nouveaux chapitres. Il ne faut pas oublier qu’en 2008, l’Italie, le Portugal, l’Espagne et la Grèce étaient désignés par certains médias sous l’acronyme péjoratif de PIGS (porcs, en anglais). Cette stigmatisation brutale disait aussi une réalité économique dramatique, qui a empêché une génération entière de s’exprimer, de rêver, de créer, de construire – dans les arts comme dans d’autres disciplines.

Les Chantiers d’Europe sont nés d’une volonté de répondre à cette réalité. Une volonté de soutenir les artistes, de donner à entendre la richesse et la vitalité de jeunes générations privées de soutien dans bon nombre de leurs pays. Enfin, un autre élément déterminant a été la rencontre avec les institutions culturelles et les personnes qui les font vivre dans chacun de ces pays. Dès 2010, l’Institut culturel italien, alors dirigé par Rossana Rummo, a joué un rôle central. Mais il faut aussi mentionner la Fondation Gulbenkian, le British Council, l’Institut Camões, l’Institut polonais à Paris et bien d’autres partenaires, sans lesquels cette aventure européenne n’aurait pu prendre forme. Nous avons été profondément heureux de constater – et de construire – l’enthousiasme collectif suscité par ce projet commun, porteur d’avenir.

Comment la manifestation s’est-elle ensuite imposée dans le temps ?
CLAIRE VERLET : La première édition, bien que mûrement pensée, s’est montée en quelques semaines. Cela a bousculé notre rythme, d’autant que nous lancions aussi le concours international Danse élargie, un nouveau projet pour repenser la danse contemporaine. Ces deux initiatives étaient des expérimentations – sans garantie de longévité, mais animées par un vrai désir d’ouverture. Et elles existent encore aujourd’hui, fortes d’une pertinence qui n’a cessé de croître.

Sur le plan artistique, nous avons soutenu des équipes peu connues, souvent issues de contextes fragiles, mais à la parole singulière. Pour beaucoup, être invités représentait une reconnaissance, qui a parfois changé leur trajectoire, y compris chez eux. Chantiers d’Europe est devenu plus qu’un label pour des artistes qui, pour certains, foulent aujourd’hui des scènes prestigieuses.
Pour nous, c’est un formidable outil de découverte, qui nous permet de rester proches de l'actualité de la création, de prendre des risques, d’oser des formes et des récits inédits.

Sur le plan professionnel, les premières éditions, souvent centrées sur un pays, nous ont permis de rencontrer de nouveaux collègues, de monter des projets porteurs de sens.

Ces échanges ont donné lieu à des collaborations durables et à une envie renforcée de construire ensemble.
Sur le plan institutionnel enfin, il a fallu tisser des partenariats en France et à l’étranger. Fondations, ambassades, ministères, villes. Et nous avons aussi associé des lieux parisiens comme le CENTQUATRE, le Monfort, la Cité universitaire, la Sorbonne ont accepté de bâtir avec nous un projet commun.

Quel bilan sur ces dix dernières années ?
E. D.-M. : Dix ans de dialogue avec des artistes qui nous ont émus, éclairés, secoués. Ils ont partagé leurs visions, leurs inquiétudes, leurs espoirs – plus beaux parfois, plus sombres aussi –, donnant voix à une Europe multiple que nous pensions connaître, mais dont le mystère grandit à mesure qu’on s’en approche.
Ils ont interrogé notre époque à travers les grandes crises économiques, sociales, migratoires, écologiques, les conflits anciens ou récents, les histoires personnelles et collectives. Et ils en ont fait œuvre. Plusieurs spectacles ont marqué durablement notre regard.

Chaque édition a apporté des révélations. Combien d’artistes, de pays ? Il faudra les compter. Mais nous savons déjà avoir accueilli plus d’une centaine d’équipes, souvent encore inconnues en France. Certaines sont revenues, d’autres ont été invitées sur de grandes scènes, jusqu’au Festival d'Avignon. L’un d’eux en est aujourd’hui directeur. L’horizon s’est élargi : au Sud et au Centre se sont ajoutés l’Est, l’Ouest, le Nord. Peu de pays échappent à notre vigilance, mais je reste convaincu que l’Europe de la culture se construit à l’échelle des villes. Grâce au partenariat durable de la Fondation Gulbenkian, de nouvelles passerelles ont vu le jour. En 2025, par exemple, le Teatro della Pergola à Florence a lancé un Chantiers d’Europe sur le même modèle, avec des artistes portugais venus pour la première fois en Italie. À Lisbonne, le théâtre municipal dirigé par Miguel Loureiro a imaginé une première édition articulée autour de tables rondes et de rencontres alors qu'il accueillait le spectacle de Robert Wilson sur Fernando Pessoa, interprété par de jeunes comédiens européens, dans quatre langues.
Les villes, je le redis, jouent un rôle clé : en soutenant les artistes, en ouvrant l’art à tous, en investissant l’espace public. C’est dans cet esprit qu’est né le Festival de la Place, devenu Festival des Places, pour que d’autres places – en France et en Europe – rejoignent le mouvement.

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