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Israel Galván, Pina Bausch, Wang Ramirez, Kyle Abraham et le Ballet de l’Opéra de Lyon sont à l’affiche du Théâtre de la Ville ce printemps. Sous la peau, que de rythmes contenus dont la sève déborde l’écorce…

« Plus qu’avant, il y a des chocs, des montées, des traversées, des dégringolades et comme des courses, faisant par là même un espace différent, un espace éparpillé, inconnu, un espace à espaces, à perspectives superposées, intercalées, polyphoniques, espaces que depuis longtemps, autant que les formes, j’avais espéré voir un jour, voir disloquer, défaire, diviser, mettre en lambeaux, soulever, enivrer… » Ces mots du poète Henri Michaux, écrits à l’orée des années 1970, alors qu’il jette sur le papier ses dessins à l’encre de Chine, y découvrant les ressorts d’une allégresse motrice, préfigure l’éclosion puis l’effervescence de la danse contemporaine en Europe, qui vient encourager la contagion insolite du mouvement en éclats insoupçonnés. En France, cette fièvre créatrice vient étrangement en prolonger une autre, contestataire, sociale, mais aussi celle d’une jeunesse vigoureuse, amoureuse, affranchie, qui s’est exprimée dans les rues de mai 1968. Sous les pavés la plage, et sous la peau que de rythmes contenus dont la sève déborde soudain l’écorce…

1968 : première édition du concours de Bagnolet, futur vivier de toute la scène chorégraphique des années 1980. 1968 encore: ouverture du Théâtre de la Ville, dont la toute première saison accueille déjà la danse qui germe et qui n’aura cessé jusqu’à aujourd’hui, pendant un demi-siècle, d’être le foyer parisien d’un art en pleine maturation; le lieu de consécration des plus grands chorégraphes mais aussi de révélation d’écritures émergentes. En 50 ans, les grands courants fondateurs se sont incroyablement diversifiés, ramifiés, étoilés, faisant de la danse cet « espace à espaces » dont parlait Michaux.

Cette fin de saison 2017-2018 du Théâtre de la Ville est particulièrement stimulante. Dans des esthétiques aussi différentes que possible, un même corps-foule se transporte du cabaret des passions humaines mis en scène par Pina Bausch au flamenco furieusement déstructuré d’Israel Galván; la rumeur des rythmes urbains électrise les créations de Kyle Abraham et de Wang Ramirez ; et un programme composite du Ballet de l’Opéra de Lyon vient montrer que la virtuosité technique sait se mettre au service d’une poétique de lignes enflammées, quand celles-ci, tracées par William Forsythe, Benjamin Millepied et Russell Maliphant, dessinent l’écoulement du temps.

Michaux, encore : « L’art est ce qui aide à tirer de l’inertie. Ce qui compte n’est pas le repoussement, ou le sentiment générateur, mais le tonus. C’est pour en arriver là qu’on se dirige, conscient ou inconscient, vers un état au maximum d’élan, qui est le maximum de densité, le maximum d’être, maximum d’actualisation, dont le reste n’est que le combustible – ou l’occasion. C’est elle maintenant, cette densité, qui attire et excite, loin de causer de la répulsion.» Cinquante ans après mai 1968, l’époque serait-elle à nouveau entrée dans une forme de torpeur ou d’inertie, et qu’y pourrait la danse ? Un temps de « crises », sur tous les fronts de l’activité humaine, qui suscite peurs et régressions. Partout en Europe, et pas seulement, des vagues nationalistes menacent les digues du vivre-ensemble. L’allégresse motrice de la danse contemporaine est un antidote à ces peurs « identitaires ». « Dansez, dansez, sinon nous sommes perdus », disait Pina Bausch. Nefés, créé en 2002, nous transporte sur les rives du Bosphore, là même où aujourd’hui la crispation entre Occident et Orient semble la plus vive. À l’instar de ce spectacle-phare, tous les chorégraphes présents ce printemps au Théâtre de la Ville célèbrent et enjouent une « esthétique du divers »: comment, par le rythme et le mouvement, ne pas se retrancher en soi, mais au contraire créer une « élasticité supérieure » pour se relier au vaste monde, le recréer en nous : le corps agissant est manifestation du vivant.


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